Germaine Pican, une femme engagée

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le 8 mars prochain, retour sur l’une des grandes figures féminines de la résistance et du militantisme à Maromme.

Germaine Marigot est une fille de la vallée du Cailly, bastion de l’industrie textile, à laquelle elle aura été  toute sa vie attachée. Née à Malaunay en 1901, la jeune fille suit un parcours scolaire exemplaire qui la conduit à l’Ecole Normale d’Institutrices. Jeune normalienne, c’est à cette époque qu’elle fait la rencontre d’ André Pican. Il deviendra son mari et ils auront deux filles. Le couple s’installe à Maromme. L’émulation suscitée par le Front Populaire les séduit et les enthousiasme. André Pican devient un militant communiste actif qui se voit confier de plus en plus de responsabilités. Mais la guerre éclate et les élans sont coupés comme des gerbes de blé. Dès 1939, la maison de Maromme fait l’objet de perquisitions. Le soldat Pican est enfermé dans un camp du Calvados. Germaine prend alors le relais et devient responsable de la propagande sur les vallées du Cailly et d’Austreberthe. André est finalement libéré et le couple entre pleinement en résistance. André installe une imprimerie clandestine où les hebdomadaires « L’avenir normand » et « la vérité »  relatent les actes de résistance. Le 20 juin 1941, Germaine Pican est arrêtée par la police et incarcérée. L’année suivante, pourchassé par les nazis, André est lui aussi arrêté et fusillé au Mont Valérien après une dernière entrevue avec Germaine. Quelques mois plus tard, elle est déportée à Auschwitz, au camp de Birkenau dans le convoi des deux cent trente françaises. Le 4 août 1944, les 
 »31 000″ femmes encore en vie sont envoyées au camp de Mauthausen. Germaine fera partie des quarante-neuf survivantes de cette horreur concentrationnaire. De cette déportation et de ce souvenir inaltérable d’André, celui d’une incroyable résistance « à jamais ne s’avouer vaincu », elle gardera toute sa vie une trace indélébile qu’elle sublimera à travers ses multiples engagements et ce devoir constant de rendre témoignage auprès des jeunes de ce qu’est la barbarie.  De retour de captivité, Germaine Pican poursuit donc le combat engagé et cela, malgré des épreuves familiales personnelles douloureuses. L’adoption du principe du droit de vote des femmes par l’assemblée consultative siégeant à Alger en 1944, l’amène à se présenter aux premières élections ouvertes aux femmes. Elle est élue et sera ainsi parmi les premières parlementaires siègeant au Conseil de la République qui deviendra plus tard le Sénat. Au Palais du Luxembourg, elle déposera notamment une proposition de résolution en faveur des femmes seules chargées d’enfants. Elle rejoindra aussi le directoire de l’Union des Femmes Françaises. Mais Germaine Pican reste avant tout une militante de terrain. Aux côtés des ouvrières du textile bien sûr, mais aussi dans des actions contre les guerres coloniales, elle affiche son combat contre le racisme et pour toujours plus de liberté, d’égalité et de justice. Tout au long de sa vie, elle aura défendu ses valeurs avec ferveur et modestie. Elle aura d’ailleurs fait de Maromme une terre d’accueil. Dans sa maison, de nombreux réfugiés fuyant la dictature de Salazar au Portugal ou celle des Colonels en Grèce y auront trouvé refuge. Germaine Pican s’est éteinte le 29 janvier 2001. D’une profonde générosité, combattante pacifique, altruiste insatiable, exigeante envers elle-même, et alors même qu’elle en aura subi les plus déchirantes blessures, elle aura fait de sa vie un éloge d’humanité.