Inflation, énergie, climat… Maromme face à la crise

Si la collectivité a réussi à absorber l’impact financier de la pandémie de COVID-19, le contexte actuel mêlant guerre en Europe, crise énergétique, inflation ou encore transition écologique oblige la ville de Maromme à adapter son fonctionnement et à redéfinir ses marges de manoeuvre. Entretien avec David Lamiray…

David LAMIRAY

Dans quelle condition abordez-vous la crise actuelle ? 

La période n’est pas simple. Nous sortons tout juste de deux ans de gestion de crise sanitaire, avec son lot d’imprévus. Depuis 2020, nous avons en effet dû mobiliser d’importants moyens financiers pour faire face à l’épidémie de COVID-19 et accompagner la relance : 15 000€ pour soutenir les associations de la commune, 20 000€ à destination du commerce local, 70 000€ de subvention exceptionnelle pour le Centre Communal d’Action Sociale et surtout 300 000€ supplémentaires pour renforcer le personnel de la commune. Si l’on ajoute à cela, 400 000€ de recettes perdues durant le confinement et des travaux inattendus dans l’école Delbos, évalués à un million d’euros, on comprend aisément que la conjoncture n’est pas des plus favorable. Néanmoins, je m’astreins depuis maintenant plus de dix ans à une gestion extrêmement rigoureuse des finances de la Ville, afin de ne jamais amputer nos capacités à faire. Pour preuve, le taux d’endettement de la commune est au plus bas depuis l’après-guerre, en dépit de nombreuses réalisations et alors même que les taux d’imposition sont demeurés inchangés depuis 2015.  C’est pour moi un motif de fierté, d’autant que nous avons dû composer avec la suppression de la taxe professionnelle, puis de la taxe d’habitation. Nous abordons donc cette crise avec des finances totalement saines. 

Dans quelle mesure la ville se trouve-t-elle impactée ? 

Nous faisons actuellement face à l’inflation et notamment à l’explosion des coûts de l’électricité, de l’alimentation ou encore des matériaux. Cette situation est similaire à ce que chacun vit aujourd’hui au sein de son foyer. La différence, c’est qu’à l’échelle d’une ville tout est décuplé. Malheureusement, la collectivité est victime du contexte international et des décisions gouvernementales. Quand la guerre éclate en Ukraine, les denrées alimentaires augmentent de 15% et impactent lourdement le coût des repas dans les cantines scolaires. Quand l’Union européenne suspend ses échanges avec la Russie et que la France met à l’arrêt de nombreux réacteurs nucléaires, la facture d’électricité de la ville double et augmente de 200 000€ à consommation identique. Enfin, quand le Président de la République annonce une majoration de 3.5% du point d’indice pour les fonctionnaires et qu’il met en oeuvre cet engagement au premier juillet, cela a pour conséquence de voir, à effectif constant, nos charges de personnel augmenter de 400 000€. 

Quels sont les leviers pour faire face à cette situation ? 

Toutes ces augmentations réduisent considérablement nos marges de manoeuvre.  Il faut savoir que la loi impose un équilibre des recettes et des dépenses dans les collectivités territoriales. Cette hausse des coûts de fonctionnement doit donc systématiquement être compensée. En l’état, la situation m’oblige à une remise à plat complète de nos politiques. Aussi, un arbitrage a déjà été engagé avec les élus. Nous analysons actuellement de manière extrêmement fine toutes nos dépenses, pour en réduire certaines et en supprimer d’autres. En parallèle, nous étudions également toutes les pistes nous permettant d’augmenter nos recettes en 2023, sans pour autant actionner le levier de la fiscalité. Il est en effet important de garder à l’esprit les difficultés auxquelles les Marommais(es) doivent déjà faire face. 

Quelles mesures adopter pour réduire le coût de la facture énergétique et le risque de pénurie ? 

Tout d’abord, il faut savoir que la réalisation de la chaufferie Biomasse en 2013 permet aujourd’hui à la Ville – outre le fait d’être extrêmement vertueuse sur son empreinte carbone – de ne plus être tributaire de l’augmentation considérable du prix du gaz. Depuis plusieurs années, un travail important a également été effectué pour réduire la consommation électrique des bâtiments municipaux, par le biais notamment du passage à un éclairage LED. Néanmoins, beaucoup de choses restent encore à faire dans le cadre de l’effort collectif demandé par le gouvernement. Un certain nombre de mesures vont ainsi être prochainement adoptées, au premier rang desquelles la coupure des éclairages publics, de 0h30 à 5h30 du matin, dans une grande partie de la Métropole, à compter du 1er novembre. Une réflexion va également être menée pour décliner cette démarche dans tous nos bâtiments municipaux et les associations qui occupent des locaux prêtés par la Ville seront sensibilisées aux économies d’énergie. 

Qu’en est-il des grands projets à venir sur la commune ? 

Au sujet des investissements, malgré notre faible taux d’endettement, la prudence m’oblige à reporter certains projets en attendant de voir se stabiliser la situation économique. À titre d’exemple, la réhabilitation de l’ancienne mairie et l’agrandissement de la médiathèque – pour lesquels le permis de construire est en cours d’obtention – seront réactivés quand nous aurons une meilleure visibilité sur l’augmentation des taux d’intérêt et le coût des matériaux. Malgré tout, certains projets verront tout de même le jour. C’est le cas des travaux prévus dans le cadre de la Métropole Rouen Normandie : réfection du second tronçon de la rue des Martyrs, réaménagement du parvis de l’église, de l’EHPAD et de l’école de musique, déploiement du réseau des pistes cyclables (voir MarommeMaVille n°154). 

Quelles sont les perspectives pour les années à venir ? 

Le contexte politico-économique étant extrêmement incertain et mouvant, nous réévaluerons chaque année la situation de la commune et adapterons notre budget en conséquence. En outre, je reviendrai très bientôt vers les Marommais(es), à l’occasion des rencontres de quartier, pour exposer plus en détail les différentes économies qui seront mises en place à l’échelle de la ville.